mercredi 16 août 2017

bREEFing sur une maladSEA pas drôle


Dernièrement, on était quand même pressés de quitter l'Australie, mais on ne pouvait tout de même pas passer à côté du plus grand récif de corail au monde! Armés de nos cartes de plongés (et moi de toute ma pharmacie) on s'est installés à bord du navire qui nous emmènerait sur la grande barrière. J'ai avalé mes décongestionnants pour éviter que mes sinus problématiques ne fassent doubler le volume de mon visage, j'ai ingéré un demi-litre de thé au gingembre et citron - un remède naturel contre le mal de mer, paraissait-il - et j'ai sagement pris mes anti nauséeux en prévention.

C'est à l'arrière d'un bateau instable sur une mer agitée qu'on a reçu notre speech sur la prudence en plongée, alors que je vomissais pour la cinquième fois, de concert avec une demi-douzaine d'autres passagers et un poupon qui s'époumonait de souffrance. Bienvenue sur la fameuse Great Barrier Reef!  

@reefexperience

Aparté : La cinétose
Ce n'est plus un secret si vous avez suivi nos posts depuis 2 ans: j'ai sérieusement le mal des transports. Voici comment ça se passe, pour le grand bonheur de Julien, en mémoire de la fille qui vomit dans les vidéo blogs de radio-Canada. Eh non, je ne fais pas juste "vomir à répétition". I wish. Je deviens d'abord très faible: je ne peux plus me tenir droite et mon cou ne supporte plus ma tête, pendant que des sueurs froides rendent mes vêtements inconfortables. À la prochaine étape, je perds l'usage de mon cerveau et ma logique, ou est-ce mon contrôle moteur? Je sais que ça s'en vient, mais je deviens complètement impuissante. Je ne serai plus capable d'ouvrir un simple sac de papier ou j'élirai une taie d'oreiller trouée en genre de papier de soie pour faire mes affaires. Si Mik n'était pas toujours avec moi, j'aurais souvent taché des bancs d'auto, des copassagers en bateau ou mes propres genoux en avion. Merci Mik - fin de la parenthèse.

Cette fois, pas question d'abandonner! Lorsque j'eus retrouvé mes esprits, on s'est fait lâcher dans l'eau froide de la mer de corail avec nos bonbonnes, laissés à nous même dans l'océan pour la première fois de notre vie de "certified diver". On a suivi le mur de rochers vivants multicolores à quelques mètres sous l'eau, stressés d'être des plongeurs exemplaires, mais loin de profiter de l'expérience à sa juste valeur. Je suis sortie de l'eau frigorifiée et mitigée, pas trop sûre de vouloir répéter l'expérience.

@reefexperience

On a donc choisi de s'armer d'un masque et d'un tuba pour notre deuxième sortie et on a enfin pu apprécier la journée. On se glissait dans des criques de coraux en suivant les courants marins pour apercevoir les requins longer les récifs et les poissons perroquets multicolores chercher leur dîner.

@reefexperience

C'était pas pire, mais y paraît qu'on a cherché le trouble en faisant nos premières plongées dans les sites les plus reconnus au monde. Comment égaler les épaves de Maboul qui forment de véritables villages sous-marins abritant des anguilles et espèces de poissons dragons-lions-anges-scorpions-j'saispuquoi? Comment répéter l'expérience de devoir repousser l'attaque d'un triggerfish féroce? Peut-on trouver mieux que de nager avec les tortues géantes aux Gilis? Comment surpasser le paradis sous-marin de Sipadan avec ses bancs de Jackfish géants qui nous aveuglent comme une tornade et ses grands requins qui chassent sous nos pieds?
 
@newyorkermeetslondon

Pour cette fois, on n'aura pas su mettre le "Great" devant la "Barrier Reef", pis c'est correct. À vivre chaque jour à plein et à chercher l'inconnu et la nouveauté, on n'attend rien de moins que de forger des mémoires inoubliables et d'avoir la tête pleine de souvenirs indescriptibles, mais, soyons réalistes, chaque expérience ne peut pas surpasser la dernière.


lundi 14 août 2017

G'day Dickhead


In my last posts, I was raving about Melbourne; about how we loved the foodie/coffee culture; about the great friends we made; about our jobs; about the city's nice public and active transport; about our amazing frisbee teams cultures; about the street art, city planning and architecture...
Australia was good to us, then.


After the city life, we got to pack our lovely Subaru Outback and hit the coastal roads, the state forests and the beach towns. After a couple of months and a national championships title, we thought we'd try to fill our bank accounts... and why not get a second year visa by working 3 months in farms? 

Oooooh we knew that every backpacker with that project gets taken advantage of and comes back home with riduculous stories and horrible experiences, but eh: not us. We are hard workers; we did the harvest season in France before and Australians are friendly people! 

Or are they?

We were oh so naive.

We thought well of Australians.

That was our first mistake.

We trusted this "2nd year visa" system. We were confident and willing.

Then came the outback experience.


Nop. I won't write this whole post in English: the rest of the story is not meant to be read by our Aussie friends (because yes, we do still have Aussie friends after Australians made us haaaaate this country to death).

Ah, l'Australie...
Certes, Elle avait été si séduisante avec ses villes cosmopolites et ses routes scéniques, son climat tropical et ses jungles luxuriantes, sa faune extraordinaire et ses paysages à couper le souffle. Notre curiosité nous aura mené dans le légendaire Outback australien; ce désert éloigné recouvert de poussière rouge et de termitières gigantesques parsemant l'horizon, avec un ciel bleu clair complètement vierge et des broussailles jaunies par la sécheresse. 


On avait découvert des scènes dignes des plus grands westerns dans une Australie paisible et romantique. On rencontrait des vrais de vrais cowboys qui gagnent leur vie en chevauchant leur monture toute en muscles sur des centaines de kilomètres de désert pour mater le bétail sauvage. 




On assistait à des rodéos et à de féroces compétitions de maniement de ces bêtes; les vaches, les wallaby et les kangourous broutaient devant notre maisonnette au coucher du soleil et nos plus proches voisins étaient à 180 km au loin. Les grands espaces et l'éloignement ne nous causaient aucun problème: on s'occupait bien et on ne s'ennuyait pas du tout.


C'est quand les bouc émissaires de la station sont partis, soulagés, que les choses ont commencé à chavirer: le patron, un raciste ignare avec un trouble de personnalité limite, a commencé à jeter son dévolu sur nous (et sur les autres employés d'ailleurs). Étant des cibles menaçantes puisque nous avions d'autres expériences de travail et étions de jeunes personnes scolarisées, on nous a d'abord souhaité la bienvenue avec une réunion d'équipe pour nous dire que nous étions des moins que rien (je romance à peine la vraie histoire, ici): "WHEN YOU START, YOU START AT THE BOTTOM", c'tu clair? 

L'étape suivante était de briser notre estime et notre confiance personnelle à coup d'insultes directes et indirectes (i.e. critiquer quelqu'un devant un autre employé mal à l'aise). On a ensuite tenté de nous diviser pour mieux régner en mettant en place un climat de terreur; chacun étant effrayé de ne pas faire exactement tel que désiré par le chef suprême. Le meilleur truc était de ne jamais donner d'instructions claires et de décrire les tâches différemment à chacun, pour faire semer le doute et la crainte, tout en laissant croire à chaque pauvre employé que son prochain n'exécutait pas les dites tâches correctement. Ne pas oublier de laisser son équipe s'autogérer en quittant régulièrement sans aviser pour les accuser rapidement de vouloir tout décider à la place du boss, et de ne pas permettre une seule journée de congé à la classe ouvrière, qui devra travailler jusqu'à ce que l'épuisement psychologique devienne insoutenable.

C'est à partir de là que notre doute sur l'australien moyen a commencé à germer. On n'était déjà pas ben ben impressionnés par la culture du saoulage australienne, qui était bien présente dans les villes, mais complètement pitoyable et hors de proportion en campagne; mais on devait maintenant aussi faire face au racisme, à la fermeture d'esprit et à l'ignorance du même coup. Je suis navrée, Australie, mais même cette camaraderie légendaire partagée à coup de "g'day mate", de "how y'a doin'", de "no worries", pis de "see yaz later" nous est soudain apparue étrangement superficielle. L'utilisation du "mate" est simplement une habitude (même des hommes de l'âge de nos grands parents m'appelaient ainsi); on n'attend aucune réponse au comment ça va (en fait, si on n'ignore pas complément la réponse, elle peut même en rendre certains mal à l'aise, genre "heye, pourquoi tu me parles, j't'ai rien demandé?"); le "c'est correct, pas de trouble" est souvent un mensonge et le "à bientôt" est parfois utilisé quand on se débarrasse enfin de quelqu'un qu'on ne rencontrera possiblement plus jamais.

Chers australiens,
On espérait un pays tout à fait extraordinaire et on n'a pas été déçus. Or, votre relation à l'alcool nous peine et votre obsession pour la réglementation nous énerve.
On n'aura jamais accepté le manque de respect dans votre traitement du peuple aborigène et on ne comprends toujours pas votre étrange fierté à vous nourrir de pâte feuilletée fourrée de viande transformée. 



Une histoire d'amour qui avait si bien commencée s'est terminée à cor et à cri. "Get out of my sight", qu'on s'est fait dire à la minute où notre dernier quart de travail prenait fin. On n'attendait que ça. Pour rien au monde on aurait voulu étirer notre séjour en enfer.

Ça n'aura pas été 3 mois, mais tout juste moins de 10 semaines et ce fut amplement suffisant pour abîmer notre estime personnelle maintenant regagnée; juste pas assez pour obtenir ce visa qui nous aurait offert la possibilité d'une seconde année en Australie.

Blessés, la défaite nous laissait un goût amer, mais on avait maintenant une meilleure connaissance de nos faiblesses et de nos limites. Quelques promesses et accolades plus tard avec nos collègues internationaux adorés, on s'enfuyait de cette Australie détestée dans un nuage de poussière, les pneus de notre Outback mordant dans la terre rouge du désert.