dimanche 28 janvier 2018

De la playa a las ruinas


Une fois, on était au Québec et il faisait -30 degrés. Le lendemain, on était 6000 km au sud. Fiou.



L'aventure latinaméricaine a débuté dans une station balnéaire mexicaine: Cancun. On y a découvert une fausse ville faite d'hôtels luxueux en bordure de la mer des Caraïbes. Ce fut donc une entrée en la matière toute en douceur, alors qu'on entendait du Québécois en stéréo et que toutes les grandes chaînes d'hôtels et de restauration américaines s'alternaient à perte de vue.

Sauve qui peut.



Maiiiiis non, on y a découvert des plages sublimes et on s'est fait accompagnés par un garde du corps pour découvrir des ruines secrètes entre deux hôtels-châteaux. Je dois aussi avouer que la cuisine mexicaine m'avait conquise d'avance... 



Prochain arrêt: les ruines enchanteresses de Tulum, la seule cité maya qui se trouve en bordure de mer. Le site se trouve aujourd'hui occupé par une colonie d'iguanes géants qui contribue au surréel de l'endroit.



On avait hâte de visiter la 2ème plus grande barrière de corail au monde qui se trouve dans la mer des Caraïbes alors on s'est dépêchés vers les îles du Belize, au prix d'une longue journée de collectivos: des minibus et autobus maquillés, toujours surpeuplés et dont le fonctionnement défie tout bon sens. Après quelques heures, on a réussi à atteindre la frontière où on soupçonne un douanier mexicain d'avoir essayé de nous berner... mais qui, découragé, nous a finalement laissés filer au bout d'une heure sans nous avoir fait payer une supposée taxe de sortie salée - et sans avoir étampé notre passeport en conséquence. Au diable: les Belizeens nous ont accueilli à bras ouverts! Après quelques transferts et 5h de bus supplémentaires on arrivait enfin dans la capitale ou on s'est empressés de se diriger vers le port de bateaux publics pour les îles, qui verrait bientôt le dernier traversier de la journée quitter pour Caye Caulker, notre destination finale. Mik est devenu parano après qu'on ait reçu plusieurs mises en garde sur le danger des environs lors de notre marche de 700m en plein jour dans les rues bondées de Belize City. Eh oui, bienvenue en Amérique centrale! Après ça, pas question de s'arrêter à une banque pour retirer quelques dollars Belizeens sous le regard malveillant des badauds: tant pis, on utilisera nos réserves de dollars américains durant notre séjour!


Le détour par les îles aura valu la peine: bien qu'on a encore manqué les raies Manta et les requins baleines, on a pu nager avec d'autres sortes de raies, requins et tortues, voir une multitude de coraux et de poissons, observer des homards et des anguilles menaçantes, en plus de nous faufiler dans des grottes de la réserve marine Hol Chan.



En route vers le Guatemala, on a fait un arrêt à San Ignacio, à l'ouest du pays, pour voir un pan plus traditionnel de la vie typique Belizéenne. Ce village n'a pas déçu, avec ses habitants sympathiques, son marché vivant et des ruines complètement désertes à travers les collines.



Bientôt, on vous parlera de notre amour pour le Guatemala.

lundi 8 janvier 2018

Point de départ: Mexique - Direction: Sud

Credit photo: Fx

"Avez vous hâte? Avez vous l'impression que, enfin, vous retournez à votre vie normale à la maison, un peu comme on a hâte de retourner dans nos affaires après avoir visité toute la famille pendant la semaine de Noël?"

Marie-Ève se questionnait sur nos émotions, en route vers l'aéroport.
Ça m'a fait réaliser que... EH QUE NON, je n'ai pas l'impression de retourner dans mes vieilles pantoufles. C'est épeurant un peu, encore. Ben oui, malgré qu'on s'était déjà départis de nos "grandes responsabilités" en août 2015, j'avais encore l'impression de me jeter dans le vide. On peut voir cette aventure sous plusieurs angles. D'un côté, on repousse notre carrière (si une telle chose est encore envisageable), on fragmente nos amitiés, on s'éloigne de nos familles et on saigne nos épargnes.

Et là, en pensant au pire, je me suis imaginée au seul et unique moment ou j'ai maudit cette idée d'avoir tout quitté, alors que j'avais perdu mes repères, larmoyante dans mon bunker sombre de ce train Indien au trajet interminable.
Une fois. Une seule fois en 741 jours d'aventure.
(Les autres moments difficiles ne m'ont jamais fait regretter; ils m'inspiraient plutôt à me réorienter; changer de rythme ou changer de pays)



Je retiens surtout cette tranquillité d'esprit en filant à vive allure entre les rizières ou ce sentiment d'accomplissement pour des petits riens comme réussir à atteindre la bonne destination en transport en commun après en avoir douté des heures durant.

Je pensais apprendre vingt nouvelles langues. Je voulais goûter cent nouveaux mets. Je souhaitais voir mille nouveaux paysages et je cherchais à sentir un million de nouvelles odeurs...
Je me suis laissée enivrer par des montagnes d'épices dans un marché turc et par la fumée d'encens bouddhiste dans le nord de l'Inde ;
Par des frangipanes balinaises le long des ruelles et par du parfum frais et humide de la jungle laotienne;
Par des épices fraîches ciselées dans un Pho vietnamien et par l'arôme du pain frais sortant tout chaud d'une boulangerie parisienne;
Par du houblon fermenté d'une bière belge et par du fumet délectable de coriandre, de gingembre, de citronnelle et de chili d'un curry thaïlandais.


Je me souviens de tout ça, mais également des effluves provenant des montagnes de détritus en flammes le long des rails en Inde ou de la puanteur du marché de poisson philippin;
Des centaines d'étals de viande crue d'Athènes ou de l'odeur de dépotoir noyé d'un canal traversant Bangkok;
De la fumée émanant des barbecues servant à déshydrater les calmars au Cambodge ou des relents d'égouts le long des trottoirs malais.

Je veux encore voir, savoir, entendre, humer et goûter l'inconnu, mais on a senti qu'il était temps de faire un retour au bercail. Et là, la "vraie vie" résonnait soudainement comme un immense défi: Trouver une bonne job, choisir où habiter, savoir raconter nos expériences avec justesse, dénicher un logement, démontrer de l'enthousiasme face aux questions posées cent fois, s'habituer à une nouvelle routine, gérer les relations avec la famille et les amis, essayer de conserver les bonnes habitudes acquises et tenter de devenir la personne à laquelle on avait rêvé à travers tous ces moments d'introspection.



Je m'y faisais, à mon rythme, mais... le problème avec la curiosité, c'est qu'elle est stimulée sans arrêt et qu'on désire constamment la satisfaire.

L'inconnu a un pouvoir d'attraction indéniable qui supplante encore mon besoin de sécurité.

Alors...

On est repartis.

Avec plus d'affection que jamais pour ce qui m'attends au pays, mais pas encore prête à renoncer à ce qui m'appelle ailleurs.